Une communication téléphonique normale utilise deux fils de cuivre du poste de l'abonné au central, où les signaux sont digitalisés (résolution 8 bits à une fréquence de 8 kHz) avec une bande passante de environ 3.1 kHz. D'un point de vue strictement numérique, on transmet donc une communication dans un canal de 64kbps. La transmission sur le réseau proprement dit est effectuée de façon numérique souvent en multiplexe temporel (par exemple, la liaison primaire à 30 canaux plus 2 de signalisation, appelée T1 aux ÉTATS-UNIS). A l'autre bout, il faut bien sûr régénérer le signal et faire une conversion numérique ``analogique'' (entre guillemets car le signal est entaché d'erreurs de quantification, une erreur provenant du processus même de digitalisation, qui doit transformer une information en un nombre fini d'états, sans considérer évidemment les éventuelles erreurs de transmission).
Le prix des équipements électroniques ayant baissé de façon très significative, la différence de prix entre équipements terminaux ``tout numérique'' et analogiques justifie une extension de la liaison numérique: de plus, la qualité doit bénéficier d'une plus grande constance. Des services supplémentaires sont également facilement implantables.
La liaison d'abonné standard se compose de deux canaux bidirectionnels à 64kbps et d'un canal de contrôle à 16kbps, respectivement appelés canaux B et D dans la littérature. Sans entrer dans les détails, le canal D est utilisé pour la signalisation et dans certains cas des connexions X.25.
Pour la téléinformatique, cela devrait signifier la fin de l'utilisation des modems en bande de base, qui souffraient injustement de la limite des 4 kHz.
En fait, on remarque que la technologie ``analogique'' a une telle inertie (il y a de telles sommes en jeu) que les modems sont sans cesse améliorés pour utiliser au mieux la bande passante existante, en augmentant la qualité des filtres et l'auto-adaptabilité pour permettre une augmentation du nombre de bits par moment (ou par Hz). Évidemment de telles techniques ne sont envisageables que sur des lignes de qualité (ou carrément en assurant que la liaison central vers fournisseur est numérique ou a des caractéristiques correctes) et nécessitent des modems complexes. Il est triste de constater que toute cette technologie est utilisée pour une application obsolète, qui reste malheureusement la seule utilisable dans de nombreux pays qui n'offrent pas une palette numérique à prix abordable et de qualité.
La seule chose qui est certain est que tant qu'une partie de la ligne entre les deux modems est non numérique, la vitesse en bit/s ne peut pas égaler un canal similaire tout numérique: de plus, à volume de vente égal, la solution numérique sera moins cher et plus puissante. En plus, les avantages techniques de ISDN sont évidents.
Du côté de l'abonné, le système ISDN se compose d'un bus où sont connectés les appareils. La connexion avec la ligne se fait avec un TA ou adaptateur de terminaison, qui peut disposer de sorties analogiques permettant d'utiliser des téléphones normaux ou des modems. Au maximum 8 terminaux peuvent être branchés, et comme on dispose de deux lignes externes, deux appareils peuvent être utilisés simultanément. La transmission numérique pure se fait à 64kbps, mais il est également possible de lier deux canaux pour la transmission numérique, qui sera évidemment facturée plus cher. Notons également qu'il est l'usage sur les réseaux ISDN de ne pas facturer au volume (comme X.25) mais à la durée (comme le téléphone normal), sauf que l'établissement des communications (réussi ou non) est également facturé en plus de la taxe de base.92
Un autre aspect intéressant est la possibilité d'affecter des numéros de téléphone à des fonctions. On peut par exemple ainsi utiliser un seul ``modem'' numérique pour gérer des connexions numériques, ou analogiques (modem, fax, serveurs vocaux) et différencier la fonction par un numéro différent. L'utilisation simultanée avec un seul appareil n'est pas possible, mais l'intérêt réside dans la distinction des types d'appels.